jeudi 26 juin 2008

Triste jour pour la démocratie


Aujourd’hui vendredi 27 juin 2008, c’est jour de vote au Zimbabwe. Le droit de vote est toujours la manifestation d’une liberté, d’une parcelle de pouvoir donnée aux électeurs. Alors, comment se fait-il que ce jour est un jour de tristesse pour le peuple du Zimbabwe ? Comment se fait-il que le pouvoir ait ainsi été confisqué au plus grand nombre et réservé à quelques "forces spéciales" qui contrôlent, surveillent, intimident, battent, tuent leurs propres concitoyens ?
A Foi et Lumière, nous avons une mission auprès des plus pauvres et des plus faibles que sont les personnes ayant un handicap mental, et cette mission peut s’élargir pour interpeller ceux qui bafouent les droits de tous les plus pauvres et les plus faibles. Avec prudence et mesure pour ne pas risquer leur propre vie, des responsables de Foi et Lumière se sont engagés pour défendre la liberté et dénoncer la compromission. Je vous cite quelques extraits de mails reçus dans ces derniers jours :
"On m’a demandé d’aider à restaurer la paix dans mon pays ; crois moi, c’est difficile pour les gens de témoigner de ce qui se passe en réalité. Je vois des choses très tristes dans certaines zones rurales où je suis allée ; les gens sont battus et on leur demande de ne pas voter pour l’opposition et les gens là bas ne font plus confiance à personne, ils souffrent trop, et meurent de faim ; ce n’est pas facile pour nous également car nous nous mettons en danger
Des personnes sont tuées la nuit et personne n’est là pour témoigner ; la situation est tendue et je ne sais pas ce qui va se passer, je pense que tout doit être mis dans les mains du Seigneur, je sais que certaines personnes seront forcées d’aller voter vendredi. Nous avons besoin de vos prières, je ne peux pas dire plus, j’espère que nous serons encore en vie pour assister à la rencontre de Lourdes en octobre."

Les communications internes sont difficiles, les téléphones sont sur écoute et comme certains aumôniers sont soupçonnés d’aider l’opposition, ceux qui les appellent se mettent en danger.
Les emails en provenance de Grande Bretagne ne passent plus, certains amis de Foi et Lumière de ces pays me disent que leurs emails d’encouragement et de soutien reviennent avec la mention "non transmis".
J’avoue que je suis très inquiet pour l’avenir de ce beau pays ; la seule satisfaction est que je vois passer beaucoup de mails proposant des chaines de prière pour le Zimbabwe, pour son peuple et pour ses dirigeants. Joignons nos prières à celles des membres de Foi et Lumière au Zimbabwe, pour que son avenir soit à la hauteur de la grandeur et de la dignité de tous ceux que je connais dans ce très très beau pays.

lundi 23 juin 2008

Solidarité


Dans un peu moins de quatre mois, à Lourdes, se tiendra l’Assemblée Générale de Foi et Lumière International, comme cela avait été décidé en 2006 à Madrid. Les préparatifs vont bon train à tous les niveaux :
- Une équipe s’est constituée dans la Province « Entre Deux Mers » qui nous recevra en octobre ; ils se réunissent régulièrement pour que tous soient accueillis le mieux possible, pour que l’ambiance sur place soit la meilleure possible, et plein d’autres choses encore…
- Le secrétariat a recruté une personne supplémentaire pour prendre en charge les questions administratives (lettres d’invitation pour les visas, organisation des transports)
- Beaucoup aussi se mobilisent pour trouver des fonds pour le financement d’un tel événement : rassembler 200 personnes qui viennent de tous les pays Foi et Lumière à travers le monde, ça coûte beaucoup d’argent ! Mais se rassembler pour, tous ensemble, partager, célébrer, échanger, prier, porter la vision du mouvement pour les années qui viennent, est très important, comme il est important que, tous les mois, les communautés Foi et Lumière se rassemblent.

Sur cet aspect financier, je voudrais, ici, dire combien la solidarité internationale est indispensable pour que des délégués de beaucoup de pays puissent être présents à Lourdes. Ces délégués ne sont en rien des assistés car ils ont beaucoup à nous apporter, et pendant que nous faisons des efforts pour nos journées "Annonce et Partage", eux aussi se démènent pour des questions pas toujours simples. Voici quelques exemples qui vous expliqueront comment certai nes choses se passent en Afrique et qui, je l’espère, vous donneront de l’élan et de l’enthousiasme pour aider les recherches de fond pour la solidarité :
- Tous, loin de là, n’ont pas de connexion Internet à lamaison et doivent aller dans des cybercafés pour accéder à leurs emails. Quand les documents attachés sont lourds et comportent beaucoup de pages, il leur faut soit prendre des notes pour se souvenir de l’essentiel, soit l’imprimer, mais les frais d’impression sont assez souvent élevés : le 21 mai, le tarif au Zimbabwe était de 50 millions de dollars par page, le lendemain, le tarif était passé à 100 millions de dollars !! Sans parler des coupures d'électricité...
- Les demandes de visa sont assez longues et fastidieuses ; il faut pour cela avoir un passeport, une lettre d’invitation émise par Foi et Lumière International, se rendre dans une Ambassade de France (il n’y en a pas dans chaque pays : les Zimbabwéens doivent aller à Johannesburg, les Congolais de Lubumbashi doivent aller à Lusaka en Zambie….) où, bien souvent les visas ne sont accordés qu’au compte-gouttes, car la France, dans sa grande générosité, voit toujours avec beaucoup de méfiance ces demandes et chaque postulant est considéré comme un futur sans-papiers clandestin…
- La situation locale n’est pas toujours calme : le Zimbabwe vit des moments de tension extrêmes, le deuxième tour des élections présidentielles va finalement se tenir le vendredi 27 juin, avec un seul candidat : le Président sortant a réussi par des actions d’intimidation, de blocage et de violence a faire renoncer le candidat de l’opposition qui n’a pas voulu faire courir plus de risques encore à ses partisans. Des opérations baptisées Mavhoterapapi ("how did you vote") ont été menées dans les campagnes et ceux qui étaient soupçonnés d’avoir mal voté ou porté assistance à l'opposition, ont subi des violences terribles, beaucoup sont morts...
Au Kenya, au début de cette année, les violences interethniques qui ont suivi les élections présidentielles ont eu pour conséquence le départ forcé de nombreux habitants, dont la coordinatrice nationale, veuve avec son fils handicapé. Elle est récemment revenue à Nairobi, mais sa maison avait été détruite et elle a dû racheter un terrain où faire reconstruire une maison. A la suite de la visite de Jean Vanier en avril, elle a pu rencontrer un prètre missionnaire qui a accepté de d’être l’aumônier national et Patrick, son fils, s’est mis à la fabrication de sacs : deux ont été vendus dans la communauté et d’autres commandes sont arrivées !
Au Congo Démocratique, dans la région du Kivu, la situation de guerre se poursuit, un tremblement de terre a secoué la région et le sud-ouest du Rwanda au début de l’année (mais comme ça s’est passé dans des lieux qui ne sont pas très touristiques ni dans les centres d’intérêt, aucun article de presse n’en a fait état).

J’écris tout cela pour que vous puissiez avoir des éléments concrets pour aider à la solidarité internationale, pour les journées Annonce et Partage, pour que les délégués des pays d’Afrique et de l’Océan Indien puissent être présents à Lourdes. Je suis très fier de les accompagner car leur dignité, leur joie dans ces situations d’épreuve doivent être pour le reste de la famille internationale un exemple et un modèle.