lundi 19 juillet 2010

Hiver en juillet !

Pour ma dixième assemblée provinciale, le thème avait été spécialement choisi pour m’éviter la routine… : "Voici que je fais toute chose nouvelle" (Ap. 21, 7). Les communautés d’Australie et de Nouvelle Zélande se sont retrouvées à Adelaïde, dans le sud de l’Australie pour définir leurs priorités et élire leur équipe provinciale. Nous étions une cinquantaine, logés dans un pensionnat de jeunes filles (vide pendant les vacances scolaires d’hiver) très confortable. Le schéma traditionnel des assemblées provinciales s’est déroulé comme dans toutes les autres : je suis tout de même étonné de voir à chaque fois combien ces assemblées se déroulent avec fluidité, l’ambiance y est sereine, amicale. Là aussi ce fut le cas, mais je ne voudrai raconter ici que les choses qui ont rendu cette assemblée unique par rapport à toutes les précédentes :

Le lieu tout d’abord : partir à l’autre bout du monde est une véritable expédition ! Deux nuits de suite dans l’avion : un premier vol de 12 heures jusqu’à Singapour, puis un deuxième de 7 heures pour arriver à Adelaïde dans un petit matin d’hiver (le 8 juillet !), c’est très dépaysant ! Heureusement, l’accueil chaleureux à l’aéroport de Nora, Elaine et Tim m’ont vite fait oublier la fraicheur de la température.

La mémoire du peuplement de l’Australie par les aborigènes est très présente et de nombreux signes rappellent la culture d’origine du pays. Le premier soir, un australien est venu nous présenter la Tjukurrpa, une représentation graphique de la Loi aborigène, ou comment ils vivent en harmonie entre les trois mondes : le physique, l’humain et le sacré.

Les deux pays de la province Croix du Sud peuvent paraître très proches, vus de la lointaine Europe (leurs drapeaux font tous deux une belle place à l’Union Jack et à la Croix du Sud ; ils jouent tous au rugby, très bien d’ailleurs ; ils parlent anglais ; ils boivent du thé) ; mais sur place, la réalité est pleine de nuances : nuances d’accents (parfois objets de moquerie car les accents sont différents dans les deux pays, mais ça rend parfois difficile la compréhension de la conversation courante), nuances de culture (les Aborigènes sont très différents des Maoris) et parfois des rivalités (amicales) : au plan sportif, il n’y a pas que les All Blacks et les Wallabies, il y a bien d’autres sports, comme le netball (une sorte de basketball) ; au plan culturel, demandez de quelle nationalité est Russell Crowe, ça déchaine les passions ! Sam, un jeune homme trisomique a épaté l’assemblée par son haka, plein de force et d’énergie ; à tel point que le curé de la paroisse où nous sommes allés à la messe le dimanche lui a demandé de venir le faire avant la bénédiction finale !

Nous avons eu la chance et la joie d’avoir parmi nous Mike Noonan, coordinateur de zone de l’Arche. C’est très bon de voir comment les bonnes relations entre Foi et Lumière et l’Arche nous font du bien à tous. Quand il a nous a parlé, son regard (pas complètement extérieur) a été très pertinent et son message très clair : "Foi et Lumière est très puissant quand vous célébrez, mais soyez attentifs à ce sur quoi vous célébrez, ne fuyez pas la réalité concrète de la souffrance. "

Mais à Foi et Lumière, on est partout à l’aise comme si on était dans sa propre communauté, et les temps de petits groupes de partage, les temps d’assemblée, les temps de détente (avec quelques dégustations de vin australien) ont été comme partout, pleins d’amitié, de convivialité et de joie. Le thème de l’Assemblée a donné lieu à une évolution du décor avec au départ une chenille, puis une chrysalide et enfin un superbe papillon. Le changement qui se passe sans vraiment savoir ce qui va arriver, la douleur des transformations a permis de voir comment une ancienne zone/chenille peut se transformer en beau papillon/province !

Un temps de la rencontre a été l’occasion de démontrer la capacité de chacun à faire la promotion de Foi et Lumière pour une émission télévisée : interview, publicité, saynètes, tout était très réussi ! En mettant réellement en œuvre ces dons, il devrait y avoir deux fois plus de communautés dans la province !

Mary a été élue coordinatrice de la province et Anne-Marie, Frances et Sharon vice-coordinatrices (il reste encore un vice-coordinateur à désigner pour l’Australie) et tout s’est fini par une cérémonie de lavement des pieds.

Et puis, tout a une fin, le temps a passé très vite et il faut déjà repartir… les vols retour sont encore plus longs qu’à l’aller ! Mais ça permet de mieux se rendre compte de ce que vit Elaine qui est venue de nombreuses fois en Europe pour des réunions Foi et Lumière ! Et puis sur le chemin du retour, le commandant de bord a fait un petit détour pour que nous puissions voir le célèbre Ayers Rock !

Je remercie très chaleureusement tous ceux qui étaient à Adelaïde pour cette assemblée, vous m’avez si bien reçu, votre amitié est de celles qui restent. Un merci tout particulier à Nora, ancienne coordinatrice de la province, à Elaine vice-coordinatrice internationale pour quelques semaines encore, et bonne route à la nouvelle équipe provinciale !

Pour voir les photos


jeudi 15 juillet 2010

Escale à Singapour


Il est bon à Foi et Lumière d’avoir de bons amis ; en allant à Adelaïde (Australie) assister à l’assemblée de la province Croix du Sud (Australie – Nouvelle Zélande), j’ai fait escale à Singapour où le transit était de 4 heures (après un vol de nuit de 12 heures et avant un deuxième vol de nuit de 7 heures, c’est loin l’Australie !).

A Singapour, il y a Foi et Lumière, et la session de formation de Hong-Kong en mai dernier m’a permis de mieux connaître Magdelene, Diana et Alaric qui m’ont dit que, si je devais passer par Singapour, il fallait que je les prévienne ! Ce que j’ai fait. Il est très facile de passer le contrôle de l’immigration à Singapour (pas besoin de visa) et très vite, je me retrouve dans la salle d’arrivée, accueilli par Magdelene et Diana (Alaric n'avait pas pu venir) ! Nous avons passé un très bon moment dans un restaurant chinois de l’aéroport, à se rappeler la session de formation de Hong-Kong, à parler de la prochaine assemblée de la province Couleurs de l’Asie de septembre prochain, du pèlerinage qui aura lieu en Malaisie en 2012 et de bien d’autres choses encore !

Nous avons fait quelques pas dehors pour constater que la climatisation de l’aérogare était la bienvenue, il faisait plus de 30 degrés avec une très forte humidité ! et nous sommes rentrés très vite ; de plus, il était déjà temps de repasser le contrôle pour l’embarquement vers Adelaïde.

Merci Magdelene et Diana pour ce bon moment passé ensemble, dommage que nous n’ayons pas pu renouveler cela sur le chemin du retour.

mardi 6 juillet 2010

Camp d'été au Soudan

C'est l'été (du moins dans l'hémisphère nord !) et la saison des camps de vacances reprend. je vous propose le récit d'un camp qui a eu lieu à Umdurman, près de Khartoum au Soudan. Le Père Hans Putman en est l'auteur ; comme il le dit, c'est plus le point de vue de l'animateur spirituel que celui de l'animateur du camp, mais il rend ce petit camp si vivant, si spirituel que ça devrait donner envie à beaucoup de vivre ce genre de temps fort pendant l'été, alors, n'hésitez plus ! Imitez nos amis soudanais et partez à l'aventure au désert avec Jésus qui "prend sur lui notre faiblesse et se charge de nos douleurs" (Is 53, 4 - Mt. 8,17), c'était le thème du camp.

"En bordure du désert, sur la route de Dongola, dans un jardin de l’Eglise orthodoxe copte appelé "Couvent de la Vierge", Foi et Lumière Soudan a pu organiser pour la deuxième fois son camp d’été pour nos frères et sœurs handicapés (avec l'aide du nonce apostolique à Khartoum, Mgr Leo Boccardi et la générosité de la communauté grecque catholique !). Un coin de paradis dans le désert, de la verdure et de l'eau en abondance, grâce au travail et à la compétence des moines coptes. Le Père abbé du monastère nous a reçus à titre gracieux, par amour pour les moins privilégiés. Quelle joie quand tous se sont réunis le samedi 12 Juin à midi, en provenance de huit paroisses: 53 personnes ayant un handicap, 38 amis, 36 familles, 2 soeurs et moi, animateur spirituel (avec environ 12 enfants en bas âge que leurs mères ne pouvaient pas laisser seuls à la maison !). Un total de 142 personnes. Le 11, nous étions allés au marché pour acheter la nourriture, les deux cuisiniers étaient présents également. Aujourd'hui, chacun trouve sa place : les garçons d'un côté et les filles, les enfants et les mères de l'autre côté. La chaleur est écrasante, mais la joie d'être ensemble nous aide à la supporter.


Après le déjeuner, le programme est de se reposer ou de jouer (il ya dans le jardin balançoire et toboggan). À la fin de l'après-midi, nous nous réunissons tous ensemble, pour mieux se connaître et pour présenter le programme, avec le livret qui présente le thème du camp. Dans la soirée, sous le ciel du désert rempli d’étoiles, nous avons rendu grâce à notre Dieu et Créateur, la prière spontanée a éclaté un peu partout, demandant au Seigneur de nous bénir et de veiller sur notre camp. Mon intention n’est pas de donner des détails sur le travail manuel, les jeux et les chansons, mais plutôt d’expliquer comment j'ai essayé d'animer spirituellement notre camp. Le thème se passe de commentaire. Chaque matin, après les exercices physiques, j'ai pris un évangile parlant de la guérison : le paralytique (Mc.2 ,1-11), les sourds-muets (Mc.7 ,31-37), le lépreux (Mt 8,1-4) et enfin Zachée (Lc.19 ,1-11).
Avec l'aide d'une affiche en arabe simple, j'ai expliqué le miracle et posé des questions, après quoi tous ont été invités à venir offrir leurs demandes ... le premier jour en mettant un grain dans le sol, le second en allumant une bougie, le troisième en mettant un peu d'encens sur un charbon ardent et le dernier jour, par aspersion d'eau (guérison et pardon).
A midi, c’était le temps de la célébration eucharistique, malgré la chaleur (qui montait chaque jour jusqu’à 40 ou 45 degrés), les chants et les applaudissements ont été l’enthousiastes expression d'un autre feu, un feu sacré! Chaque jour, j'ai répété le même Evangile qu’à la prière du matin et avec l'aide d’un ami qui faisait la mise en scène, nos frères et sœurs, vêtus comme de petits Juifs ou Arabes, ont présenté leur «théâtre muet» : l'arrivée du paralytique, descendu de la hauteur de deux chaises ; Zachée montant sur une échelle ; le sourd-muet, emmené du milieu de la foule par Jésus, qui a mis ses doigts dans ses oreilles, en criant: "Ouvre-toi !" ; le lépreux avec ses cloches à ses pieds et criant : "Impur, impur . À la fin de l'après-midi, nous avions un temps de partage avec les parents, les amis et des frères et sœurs aînés, encore une fois autour du texte de l'Évangile, avec quelques questions simples, je les aidais à faire le lien entre le texte et leur propre vie. "Quel type de paralysie est la pire, celle du corps ou bien celle du cœur ou de l’âme ? Ne sommes-nous pas souvent sourds et dans l'impossibilité d'écouter nos enfants ? Vous sentez-vous, en tant que mère ou frère ou soeur d'un enfant handicapé parfois rejetés par la société, comme les lépreux? Quelle était la raison pour laquelle Zachée n'a pas pu voir le Seigneur ? Et quels sont les obstacles dans votre propre vie ? Que pouvons-nous faire ? "
La sincérité et l'authenticité des échanges fut telle qu’on pouvait se sentir profondément désarmé et interrogé personnellement.
Enfin, à la fin du programme de la soirée, je présentais une méditation avec mon propre commentaire, résumant l'expérience de la journée. Le premier jour, avec des images de la splendeur de la création de Dieu et le chant des trois jeunes hommes dans le feu (Dan.3), le deuxième jour avec Marie, Vierge de l'écoute, lui demandant d'être guéris de notre surdité. Le troisième jour, avec le monde dans lequel nous vivons, qui est lépreux à cause des conflits et de la violence, avec une demande profonde de paix et de réconciliation. Le dernier soir, nous avons eu la visite de l'abbé du monastère copte orthodoxe et évêque d’Umdurman, Anba Serapamon. Il est venu partager notre joie et assister aux chants et aux danses de nos frères et soeurs. Il a offert à chacun un soda et des biscuits et a exprimé sa satisfaction pour la présence des personnes handicapées. Après une photo souvenir, il nous a donné sa bénédiction et s’est retiré pour la nuit. Encore une fois nos frères et sœurs handicapés ont été une grâce pour nous et nos églises. Dans leur simplicité, ils détruisent les murs de séparation mieux que le dialogue entre les théologiens. Que le Seigneur unisse de plus en plus nos cœurs et nos églises et aide le mouvement de Foi et Lumière à grandir, à se développer et rendre l'amour de Dieu pour les moins privilégiés de plus en plus évident et concret."