jeudi 25 décembre 2014

Des voeux en provenance de Bethléem

En ce jour de Noël,  je vous partage la lettre du père Hans Putman qui nous arrive de Bethléem. En union avec tous nos amis du Moyen-Orient, il me paraît important que notre souci de prier pour la paix retrouve sa source là où le Prince de la Paix est né dans la fragilité et la pauvreté. 
Joyeux Noël à vous tous !


Bethlehem – endroit de la naissance de Jésus


« Ton Créateur est ton Epoux »
Noel 2014 – Isaïe 54,5

                + Très chers amis,

                   Peut-on s’imaginer que l’amour de Dieu-Créateur pour son peuple est si grand qu’il vient l’épouser ? On dit en général que l’homme ne trouvera de repos qu’en Dieu ; mais peut-on croire que le coeur de Dieu ne trouvera de repos qu’en s’unissant à l’homme, sa créature ?
                   Ce mystère que nous appelons « Incarnation » a eu lieu dans ce village, Bethlehem, dans lequel je vis et travaille depuis Septembre 2013. Aussi je me sens bien privilégié, mais en même temps j’ai le coeur déchiré devant la violence et le manque de justice dans cette ‘Terre Sainte’ et un peu partout dans ce monde.
                   Bethlehem est entouré d’un ’mur de la honte’ [de 8 mètres de hauteur !] qui sépare Juifs et Arabes, Israéliens et Palestiniens. On peut se demander si St. Joseph aurait pu obtenir son ‘permis’ pour aller à Bethlehem. Les bergers dont on a confisqué les terres, ne savent que jeter des pierres pour exprimer leur frustration. Hérode, aidé par Isis et les Talibans, continue à tuer les ‘enfants innocents’. Et l’auberge est toujours fermée pour les centaines de milliers de réfugiés d’Iraq et de la Syrie.
Quel sens Noel peut-il bien avoir pour le monde d’aujourd’hui ? Quel
impact peut avoir le signe de l’enfant que Dieu nous donne comme preuve de sa présence ? Si moi, je ne prête pas main forte à Dieu aujourd’hui, va-t-il pouvoir construire un monde meilleur ? Si je n’ouvre pas à ce Dieu-Amour mon coeur, son Incarnation va-t-il avoir un sens ? Si mon regard ne reflète pas l’immense bonté de Dieu, jamais l’humanité va saisir le mystère d’Emmanuel, Dieu-avec-son-peuple.
                   Aussi mes vœux pour Noel et pour l’Année Nouvelle qui s’annonce sont :
Soyez réalistes sans perdre l’espérance ; croyez en la force de l’enfant ; que par vos mains Dieu puisse construire un monde plus juste ; ne cessez de renaître et de faire de chaque jour le premier jour du reste de vos vies. Alors Noel sera joyeux et le Nouvel An béni.
                     Avec mon affection la plus sincère et ma promesse de porter vos besoins aux pieds du nouveau-né de Bethlehem. Bien vôtre, Hans Putman sj.




lundi 8 décembre 2014

Marie Heurtin : l'histoire d'une âme

La "rencontre" !

Le film “Marie Heurtin”, sorti en France en novembre, raconte l’histoire de Marie, jeune fille sourde-muette et aveugle, qui est née en 1885 et a vécu 36 ans. Le film nous présente - de très belle manière - comment elle fut sortie de son enfermement par sœur Marguerite, une religieuse de l’institut de Larnay, où des jeunes filles sourdes sont prises en charge. Mais Marie n’est pas que sourde et entrer en relation avec elle se révèle extrêmement compliqué ! Ses parents, très modestes, étaient allés jusqu’au bout de ce qu’ils pouvaient faire avec leur amour et leur bonne volonté ; ils sentaient qu’ils devaient passer le relais à d’autres pour que leur fille puisse progresser et grandir. Un médecin leur avait conseillé de la faire interner, la jugeant “débile”, mais ils ont voulu pour elle ce qu’ils pensaient le meilleur, cet institut tenu par des religieuses. Mais la mère supérieure n’est pas loin de penser comme le médecin : « Cette petite est sourde et aveugle de naissance ; à force, son intelligence s’est certainement racornie ». Mais sœur Marguerite a eu une révélation : « aujourd’hui, j’ai rencontré une âme, une âme toute petite, toute fragile, une âme emprisonnée, mais une âme que j’ai vu briller de mille feux à travers les barreaux de sa prison ». Et elle réussit à vaincre les doutes de sa mère supérieure, sans “trop” aller à l’encontre de son vœu d’obéissance !

Marie n’aime pas ce “corps-prison” et n’aime pas la terre qui l’a formée ainsi. Elle ne réalise pas qu’elle porte en elle un trésor, “un trésor que nous portons comme dans des poteries sans valeur” (2Co 4, 7). Elle considère que cette poterie est fêlée. Mais à travers les fêlures, la lumière peut passer et c’est ainsi que sœur Marguerite peut réaliser le trésor que porte ce vase d’argile. Cette rencontre se passe dans un arbre, car Marie fuit la terre et essaie de se rapprocher de la lumière qu’elle peut sentir par la chaleur sur sa peau. Marie est aussi attirée par l’eau : on peut la voir danser au milieu des flocons de neige qui tombent du ciel ; on aurait pu certainement la voir réagir de la même manière sous la pluie.
Marie signe son premier mot : "couteau"
Sœur Marguerite, à force de volonté, voire d’obstination, réussit petit à petit à “apprivoiser” Marie et à lui apprendre, de manière empirique, une langue des signes qui passe par le toucher. Et au cours d’une visite de ses parents, elle est toute fière de pouvoir leur dire ce qu’elle n’avait jamais pu dire jusque là : « je vous aime ! ».
L’intelligence cognitive de Marie était prisonnière de ses handicaps, mais son intelligence intuitive lui a permis d’abord de créer une relation de confiance avec sœur Marguerite, et ensuite de libérer toutes ses capacités.
Marie se révolte violemment quand sœur Marguerite lui parle de Dieu : « je refuse un Dieu que je ne peux pas toucher ni sentir ! ». Et le film n’en dit pas plus… Je n’imaginais pas que la transformation de Marie ne se soit pas accompagnée d’une “vraie rencontre” avec notre Dieu qui se laisse toucher, sentir et goûter dans l’Eucharistie : “ Ce qui était depuis le commencement, |…] ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons” (1Jn 1, 1). Et j’ai été heureux de trouver ce texte écrit par Marie Heurtin elle-même : “Je me rappelle souvent la grande joie que j’ai éprouvée le jour de ma 1ere Communion. Je suis heureuse de recevoir souvent le bon Jésus dans mon cœur, parce que je peux le prier pour les personnes qui m’ont fait du bien”.
Marie a aussi guéri sœur Marguerite d’un autre aveuglement, et cela par l’intermédiaire de la mère supérieure, celle-là même qui pensait que son intelligence s’était “racornie”. Sœur Marguerite est allée au bout de ses forces et elle est en train de mourir ; elle refuse que Marie la voie dans cet état et garde sa porte fermée, car elle est dans une grande angoisse de ce grand départ et ne veut pas que Marie découvre cette fragilité… Alors que l’on venait d’entendre au réfectoire la lecture des Actes des Apôtres sur l’aveuglement de Paul à son arrivée à Damas, c’est la mère supérieure qui va faire tomber les écailles des yeux de sœur Marguerite. Il faut dire qu’elle vient de faire la même rencontre que sœur Marguerite avec l’âme de Marie ; celle-ci est à nouveau dans un arbre et, du haut de son échelle, la mère supérieure étend sa main vers celle de Marie et leurs âmes se rencontrent ! Elle retourne prier sœur Marguerite d’accepter de revoir Marie : « Elle est prête, elle ! Plus que vous ! ». Et Marie, qui a compris que la terre peut donner des fruits bons et savoureux (on la voit dans le potager s’émerveiller des belles tomates !), peut accompagner jusque dans la mort celle qui l’avait si bien accompagnée dans la vie. Le dernier mot qu’elle entend de son éducatrice est : « vis ! ».
En 1908, Marie Heurtin est allée faire un pèlerinage à Lourdes et ce fut pour elle une très grande joie ! Elle en rend compte dans son journal :
« En partant de Poitiers mon cœur tressaillait d’allégresse en pensant que j’irai bientôt m’agenouiller au pied de la grotte de l’Immaculée Conception. Pendant que j’étais en chemin de fer, je priais en songeant à la Ste Vierge, j’attendais avec impatience l’arrivée à Lourdes. En arrivant mon cœur surabondait d’une joie inexprimable ; aussitôt j’ai eu le bonheur de communier dans l’église du Rosaire, le lendemain à la Basilique, puis à la Grotte.
Là je sentais la présence réelle de la Sainte Vierge et qu’elle me regardait avec bonté. Par obéissance je lui ai demandé la vue pour sa gloire ; mais elle ne me l’a pas obtenue, je reste aveugle, je ne suis pas triste, je suis aussi bien contente de faire la volonté du bon Dieu et de la Sainte Vierge avec l’espérance que je verrai mieux dans le ciel les splendeurs éternelles du bon Dieu et de la Sainte Vierge. J’ai beaucoup prié la Sainte Vierge pour ma sanctification et pour m’obtenir la grâce d’une bonne mort, […] pour les besoins spirituels et temporels de mes parents.
J’ai été très émue de compassion en voyant ces pauvres malades qui ne sont pas guéris. Ces malades étaient placés sur le passage du Très Saint Sacrement ; j’ai prié avec eux pour demander leur guérison pas la mienne. J’éprouvai une grande douce consolation au passage du Saint Sacrement. Quand il passait devant moi, je sentais que le bon Jésus me donnait des grâces de courage et de résignation pour supporter ma triple infirmité.
Marie me parlait intérieurement comme elle avait parle à Bernadette me disant de ne pas me rendre heureuse sur la terre, mais dans l’autre vie.
J’ai quitté la Grotte de Lourdes en pleurant et en disant à Marie que je la verrai bientôt dans le ciel. Je sais bien que Marie si bonne me protègera jusqu’à ma mort. Je conserverai toujours le souvenir de mon pèlerinage à Lourdes et des bontés de Marie pour moi »
En résumé, le film illustre très bien cett parole de l'Évangile de saint Jean : "Ni elle, ni ses parents n'ont péché. Mais c'était pour que les oeuvres de Dieu se manifestent en elle".

vendredi 5 décembre 2014

III° Congrès Mondial des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles

Du 20 au 22 novembre, plus de 300 personnes, venues d’une quarantaine de pays et représentant une centaine de mouvements ou communautés, ont participé au III° Congrès Mondial des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, organisé par le Conseil pontifical pour les laïcs. Les précédentes rencontres s’étaient déroulées en 1998 à Rome avec Saint Jean-Paul II et en 2006 à Rocca di Papa avec Benoît XVI.
En 1998, le Saint Pape avait « rendu grâces au Seigneur pour ce printemps de l’Église suscité par la force rénovatrice de l’Esprit ». En 2006, Benoît XVI avait demandé : « Apportez la lumière du Christ dans tous les milieux sociaux et culturels dans lesquels vous vivez. L'élan missionnaire est la preuve de la radicalité d'une expérience de fidélité toujours renouvelée à son propre charisme, qui conduit à dépasser tout repli las et égoïste sur soi. Illuminez l'obscurité d'un monde bouleversé par les messages contradictoires des idéologies! »
L'audience avec le Pape François
A chaque congrès son pape ! Cette fois, nous avons été reçus en audience par le pape François qui nous a proposé quelques suggestions pour notre chemin de foi et de vie ecclésiale :« Pour atteindre la maturité ecclésiale, vous devez conserver la fraîcheur du charisme, respecter la liberté des personnes et chercher toujours la communion. Cependant, n’oubliez pas que pour atteindre cet objectif, la conversion doit être missionnaire : la force de surmonter les tentations et ses propres lacunes vient de la joie profonde que donne l’annonce de l’Evangile. Et c’est le fondement de vos charismes ».

Le pape est parti ; je n'ai pas pu le saluer...
Le congrès s’est tenu à Rome, dans le Collège Pontifical International Maria Mater Ecclesiae, et avait pour thème, quelques mois après la publication de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, « La joie de l’Évangile, une joie missionnaire... ». Avec les autres délégués de Foi et Lumière, le père Isaac, Paolo Tantaro et Bruno Galante, nous avons répondu à l’invitation du Conseil Pontifical pour les laïcs et avons revêtu nos habits de missionnaires de la joie ! Ces trois jours furent excellents, aussi bien par la qualité des présentations, par les temps de  prières ou les célébrations eucharistiques, que par les échanges avec les autres participants. Nous avons véritablement vécu ces journées dans l’esprit du cénacle comme nous y a invité le Cardinal Stanisław Ryłko, avec nos multiples charismes, mais avec le même Esprit (cf. 1Co 12, 4).

Des congressistes très attentifs
Je ne saurais citer tous les orateurs qui se sont succédé à la tribune, tellement ils ont tous été porteurs d’un message très riche, mais j’ai été plus particulièrement marqué par trois d’entre eux :
Fabrice Hadjadj (qui s’est présenté comme juif de nom arabe et de confession catholique) a été éblouissant pour nous parler de “la conversion missionnaire : sortir de soi-même pour se laisser provoquer par les signes des temps” (pour lire le texte de sa conférence). C’est impossible d’en faire un résumé, mais quand j’ai pu poser une question, j’ai repris une de ses formules : « Jésus envoie ses disciples non en les équipant, mais en les dépouillant ». Et j’ai abondé dans son sens en disant combien les personnes ayant un handicap mental nous dépouillaient pour nous ramener à l’essentiel de l’Évangile.
Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, nous a parlé sur le thème “Charismes : richesse pour les diocèses” : il était bien placé pour cela, car il a accueilli un grand nombre de communautés nouvelles dans son diocèse. Il a commencé en citant le Pape Benoît XVI : « les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles ne sont pas un problème ou un risque de plus, qui s'ajoutent à nos charges déjà lourdes. Non ! Ils sont un don du Seigneur, une ressource précieuse pour enrichir avec leurs charismes toute la communauté chrétienne » (Benoît XVI, mai 2008). Puis il nous a donné sa propre “grille de lecture” pour accueillir, accompagner et réguler ces mouvements dans leur croissance. La responsabilité d’un évêque est d’accueillir en prenant conscience des charismes prophétiques, mais aussi de faire jouer la sollicitude du pasteur dans sa dimension de vérification et de discernement quant à la maturité du charisme ; il ne faut pas confondre le charisme du fondateur et celui du mouvement qui peuvent parfois diverger. Je crois que nous avons là (en espérant que le texte de la conférence sera disponible) un outil qui peut nous permettre de nous assurer que nous avons bien conservé la fraicheur de notre charisme.
Mary Healy a parlé du “génie féminin dans l’évangélisation”, et c’était génial ! En trois tableaux, l’annonciation et la visitation, la rencontre avec la Samaritaine et l’onction de Béthanie, nous avons été transportés deux mille ans en arrière et avons été les spectateurs émerveillés de ces trois épisodes racontés avec un enthousiasme exceptionnel ! (Pour lire le texte de sa conférence)

 Parmi les participants, il y avait de nombreux prêtres, évêques et cinq cardinaux ! et les pauses et repas étaient l’occasion de mieux se connaître ou se reconnaître : j’ai retrouvé Eileen Glass, vice-responsable internationale de l’Arche (que j’avais déjà retrouvée à l’aéroport Charles de Gaulle !), les délégués de l’Emmanuel ou des Foyers de Charité (le père Hervé Gosselin, du foyer de Tressaint, était accompagné de deux personnes des foyers de Kampala et de Bujumbura). J’ai aussi fait connaissance avec des Portugais, des Argentins, des Singapouriens, des Philippins, des Irlandais… j’ai fait la connaissance du Père Daniel-Ange que j’avais entendu lors d’une conférence alors qu’il revenait du Rwanda il y a plus de vingt ans, et du frère Alois de la communauté de Taizé, un homme vraiment chaleureux et proche de Foi et Lumière… Nous étions tous vraiment en communion les uns avec les autres !
Avec Paolo devant le stand
Nous avions aussi un petit stand avec des documents Foi et Lumière en français, en anglais et en italien, ce qui nous a permis de mieux nous faire connaître et de mettre déjà en pratique la joie missionnaire !

Pendant ce congrès, j’ai pu parler un moment avec le Cardinal Stanisław Ryłko et je lui ai remis une lettre que nous avions préparée avec Anne-Marie Pike après la publication des conclusions du synode extraordinaire sur la famille ; nous avions été heureux de voir que le texte final comprenait une phrase qui disait : « l’Église soutient les familles qui accueillent, élèvent et entourent de leur affection des enfants handicapés ». Mais nous aurions aimé que cet engagement aille encore plus loin et reconnaisse la mission d’évangélisation des plus petits ; je lui ai rappelé ce qu’il avait dit à Jean Vanier : « Vous avez créé une véritable révolution copernicienne, ce n’est plus vous qui faites du bien aux personnes qui ont un handicap, mais vous dites que ce sont elles qui vous font du bien ! ». Il m’a remercié et m’a dit que j’étais tout à fait dans ma mission en disant de telles choses et qu’il agirait dans le sens que nous demandions. Il a tenu  parole car il a répondu à notre lettre en disant qu’il avait « transmis notre requête au secrétaire du synode, le Cardinal Baldisseri, lui enjoignant de promouvoir la discussion sur ce thème lors du deuxième synode sur la famille. »

lundi 17 novembre 2014

Venez, les bénis de mon Père !

Le groupe des "bénis de mon Père"
L'abbaye Saint Martin de Mondaye
Pendant trois jours, une cinquantaine de “privilégiés” ont participé à une très belle retraite dans l’abbaye de Mondaye en Normandie. Cette abbaye, fondée au XIIIème siècle, abrite une communauté de chanoines réguliers de l’ordre de Prémontré fondé par Saint Norbert en 1121. La vie des chanoines allie la contemplation et l’apostolat : le Père Abbé, frère François-Marie, est lui-même l’aumônier national de Foi et Lumière en France. Il nous a invités à venir passer ces trois journées autour du 11 novembre, fête de Saint Martin, patron de l’abbaye. La formule d’invitation était belle : « Venez, les bénis de mon Père » (Mt 25.34). Il y eut beaucoup d’appelés et peu d’élus, car la capacité d’accueil de l’hôtellerie n’est malheureusement pas infinie…

Les trois jours passés l’ont été selon la tradition biblique : chaque jour commençait au début de l’après-midi et se terminait le lendemain après le déjeuner. Il y eut trois soirs, il y eut trois matins, et ces trois jours furent très bons ! Nous avons goûté la présence de Dieu ; nous avons appris à le (re)découvrir au fond de notre cœur, comme un don qui nous a été confié ; nous avons pris le temps de nous poser, de nous reposer pour mieux entendre l’appel de Dieu à marcher à sa suite. Après ces trois jours, nous avons été envoyés vers les autres, en mission, nous sommes devenus de véritables missionnaires de la joie !

Sur la route avec Marie
Chaque jour, nous avons entendu l’enseignement de frère François-Marie à deux reprises : il nous a dit beaucoup de choses très profondes avec des mots simples et accessibles à tous. Il nous a invités à devenir veilleurs, à être nous aussi des disciples, à nous laisser convertir comme les grands saints (Pierre, Paul, Martin) pour aller à la rencontre des autres et leur dire la bonne nouvelle de Foi et Lumière.
Le mime de la vie de Saint Martin
Nous avons partagé en petits groupes, nous avons prié avec les membres de la communauté de l’abbaye (laudes, messe, vêpres et vigiles), nous avons prié sur la route avec Marie, nous nous sommes lavé les pieds, nous avons adoré le Saint Sacrement, nous avons reçu le sacrement de réconciliation, nous avons préparé un mime pour partager la belle vie de Saint Martin, et finalement, après avoir goûté la présence de Dieu, nous avons aussi goûté les bonnes choses que chacun avait apportées de sa région d’origine ! Le dernier jour, pour nous entraîner à devenir missionnaires de la joie, nous avons distribué à la sortie de la messe de beaux signets avec l’image de Saint Martin et la prière de Foi et Lumière, de quoi donner l'envie et le désir de mieux nous connaître !

Je trouve que ce temps fut un temps béni, un temps important pour mieux connaître qui nous sommes et quelle est notre mission ! Elle a agi sur moi comme le révélateur permet de découvrir une belle image sur un papier photo ; il faut maintenant ne pas oublier le fixateur pour que cette image de Jésus dans mon cœur ne disparaisse pas avec le temps, pour ne pas oublier que pour être béni, il me faut commencer par bénir, que pour être évangélisé, il me faut commencer par évangéliser, car comme le dit Saint François « que je ne cherche pas tant à être consolé...qu'à consoler, à être compris...qu'à comprendre, à être aimé...qu'à aimer ; 
Car c'est en donnant...qu'on reçoit, c'est en s'oubliant ...qu'on trouve, c'est en pardonnant...qu'on est pardonné. »

Frère François-Marie, Père Abbé.
Merci à la communauté de l’abbaye de Mondaye et tout particulièrement au Père Abbé pour tout le temps qu’il nous a consacré : nous avons été heureux de fêter avec lui le premier anniversaire de sa bénédiction abbatiale ! Merci à tout ceux qui ont préparé cette belle retraite, il est très important qu’il y en ait d’autres, beaucoup d’autres !

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jeudi 6 novembre 2014

Formation à Szeged

Le monastère franciscain de Szeged
Szeged est une ville du sud de la Hongrie, proche des frontières avec la Roumanie et la Serbie. Il y a un très beau monastère franciscain où, régulièrement, des événements de la province Danube sont organisés, notamment des retraites. Les moines sont installés là depuis le XVème siècle et les bâtiments d’architecture baroque sont superbes.
La très belle salle à manger !
C’est dans ce très impressionnant bâtiment que nous avons passé trois jours de formation avec une vingtaine de délégués venus de Hongrie, de Serbie et de Roumanie ; selon la manière dont je regarde les choses, je peux dire soit que c’était un groupe très peu nombreux pour une province forte d’une cinquantaine de communautés (le verre est à moitié vide), soit que c’était formidable d’avoir pu réunir un groupe de personnes dont beaucoup de têtes nouvelles, y compris deux personnes venues d’une nouvelle communauté en Roumanie hongroise (le verre est à moitié plein).
J’étais heureux de revenir dans cette province où je suis déjà venu une douzaine de fois (en comptant l’époque où c’était une zone) et que je connais donc bien. Mais j’étais un peu malheureux de voir que la vie de Foi et Lumière dans ces trois pays est bien difficile, qu’il y a peu de personnes qui acceptent des responsabilités, et que ceux qui les acceptent sont épuisés de devoir faire bien plus que ce qui devrait être nécessaire ! Si tous comprenaient l’importance du service pour que la vie des communautés soit rayonnante et pleine de joie et d’enthousiasme, cela serait bien plus facile pour tous !
Ma mission était donc difficile et j’ai essayé, du mieux que j’ai pu, de transmettre la flamme. Le feu ne demande qu’à reprendre car j’ai senti qu’il y avait une vraie attente, un grand désir de faire connaître notre joyeuse nouvelle !
Le contenu de la formation était simple : les fondamentaux de la communauté Foi et Lumière avec le thème : « voyez comme ils s’aiment ! ». L’amour que nous avons les uns pour les autres dans nos communautés est semblable à ce qui animait les premiers chrétiens et qui faisait s’exclamer ainsi Tertullien à la fin du deuxième siècle. Les conférences ont porté sur ce qu’est une communauté, qui sont les membres des communautés, comment porter la responsabilité, et une inévitable dernière partie sur les finances ! Le soir du deuxième jour, nous avons eu une célébration du lavement des pieds qui a été très belle et très recueillie. Le dernier jour, une séance de questions-réponses a permis de tenter d’éclaircir ce qui pouvait paraître sombre, et inévitablement, j’ai été questionné sur la manière dont je percevais leur province Danube ?

Des participants très attentifs.
Cela a pris le temps qu’il fallait et il est apparu qu’il était important de bien préparer l’assemblée provinciale de 2015. J’ai suggéré qu’un groupe de sages (et j’en connais un grand nombre !) constitué des anciens coordinateurs de la zone et de la province se réunisse pour définir les moyens pour que les communautés se sentent soutenues et accompagnées, pour que les futurs responsables se sentent portés par ceux qui les auront élus ! J’ai fait du mieux que j’ai pu pour les rassurer, pour leur dire que jamais personne n’est laissé (ou ne doit être laissé) seul dans sa responsabilité ; ils seront accompagnés dans cette démarche jusqu’à l’assemblée provinciale, je le leur ai promis !






vendredi 3 octobre 2014

Une manifestation de soutien aux Chrétiens du Moyen Orient à Paris

Première table ronde avec Anouar Kbibech, Mgr Golnich, Mgr Thomas
En ces temps de grande détresse pour les chrétiens du Moyen Orient, nous avons lancé une grande chaîne de prière (un appel pressant pour la paix) en invitant chacun à prier chaque jour la belle prière de Saint François : Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Je crois qu’il nous faut aussi participer à toutes les initiatives locales pour rappeler l’existence de nos communautés dans de nombreux pays de cette région où sévissent de grandes persécutions.
C’est en pensant aux communautés Foi et Lumière de Syrie, du Liban, de Jordanie, d’Égypte, du Koweït, d’Iran, d’Arménie et aux communautés Amour et Joie d’Irak que j’ai demandé à participer à la conférence de soutien aux Chrétiens d’Orient organisée le 24 septembre par la Mairie du 7ème arrondissement de Paris.
L’après-midi, des associations ont pu présenter leurs activités (Œuvre d’orient, Aide à l’Église en détresse, Fraternité en Irak…) et de nombreuses personnes sont venues nous parler et se sont montrées très intéressées par l’existence de Foi et Lumière, par notre conviction que les plus petits d’entre nous peuvent être des ferments d’unité, d’espérance et de joie dans notre monde déchiré. Carla, ancienne coordinatrice de la province ILA Trinity, est venue nous retrouver et elle a pu expliquer avec plus de détails (et parfois en arabe) nos activités dans tous les pays où Foi et Lumière est présent.
Le soir, avant les deux tables rondes, chaque association a eu trois minutes pour se présenter et expliquer de quelle manière elle était présente au Moyen Orient. Il se trouve que la veille au soir, nous avions reçu un message de Mirna qui nous disait tout ce qui se passait à Alep et dans quelle mesure Foi et Lumière avait préparé tous ceux qui se dévouent sans relâche auprès des réfugiés et des sans-abris. C’était providentiel et j’ai repris sa conclusion, c’était beaucoup mieux et concret que tout ce que j’aurai pu dire !
« Celui qui a fait l’expérience de Foi et Lumière sait que nos communautés, qui placent en leur cœur la personne ayant un handicap mental, peuvent être sources de paix et d’unité. Nous nous devons de mettre ce trésor au service des souffrances et des crises de notre pays. La capacité des personnes handicapées à ne pas avoir de barrière, à savoir pardonner permet à nos communautés Foi et Lumière d’être des lieux où peuvent se rencontrer des personnes de différentes religions ou cultures. Les communautés Foi et Lumière ouvrent le chemin pour aller à la rencontre des autres et construire des ponts. Cela porte du fruit : les peurs et la haine diminuent et nous contribuons ainsi à construire une société de paix ».
Et j’ai ajouté combien j’étais touché par ce témoignage qui montrait combien ceux dont on dit qu’ils n’ont aucune valeur ont réellement des capacités extraordinaires !

Intervention de Rachida Dati
Les deux tables rondes qui ont suivi ont été précédées par une intervention de Madame Rachida Dati, maire du septième arrondissement de Paris, qui est venue nous parler de l’assassinat d’Hervé Gourdel, ignoble événement, acte barbare, qui venait d’être annoncé… Cela a placé cette soirée dans un bien triste ambiance, mais je trouve que l’espérance l’a emporté, car les intervenants ont tous été extraordinaires. Leurs témoignages, leurs prises de position, leurs commentaires furent extrêmement forts et d’une portée qui dépassait largement le cadre du salon des mariages de la mairie où nous étions !
Je ne peux pas tous les résumer ici, mais ils le mériteraient pourtant ; voici un petit florilège de ce que j’en ai retenu.
Madame Rachida Dati :
75 % des persécutions dans le monde sont des persécutions contre les Chrétiens.
La France a un rôle important à jouer et cet engagement est fondé sur les racines chrétiennes de la France, pays de tradition catholique.
Ce que vous faites dans vos association est éminemment grand !
Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, a posé beaucoup de questions dérangeantes :
Ce groupe terroriste est né en Syrie : comment se fait-il qu’avec tous nos moyens technologiques modernes de renseignement, il n’ait pas été repéré ?
Les évêques de Syrie l'avaient annoncé : pourquoi n’ont-ils pas été écoutés ?
Qui les a aidés ?
Pourquoi la Turquie, dans sa région sud proche de la Syrie, est-elle devenue soudainement une destination touristique ?
Je demande une enquête internationale !
Monseigneur Georges Casmoussa, ancien archevêque syro-catholique de Mossoul (par téléphone) :
Il y a 20000 personnes déplacées, qui ont tout quitté en 24 heures pour avoir la vie sauve, pour protéger l’honneur de leurs femmes et de leurs filles, pour rester fidèles à leur foi.
Monseigneur Youssef Thomas, archevêque chaldéen de Kirkouk :
700 familles de réfugiés ont été accueillies dans mon diocèse, personne ne dort dehors. Il y a une famille habitant dans une maison de quatre pièces où ils en ont accueilli 71 ! Le grand père a été hospitalisé et ses enfants lui ont proposé de faire partir une partie de leurs hôtes ; il a alors fortement réagi : « que faites-vous de notre tradition d’accueil ? »
Il faudrait imaginer une forme de reconnaissance (du type des “justes parmi les nations”) pour tous ceux qui auront posé des actes héroïques envers les Chrétiens.
Anouar Kbibech, président du Rassemblement des Musulmans de France. Il se trouve qu’Anouar est un ancien collègue de travail avec qui j’ai eu - à de nombreuses reprises – l’occasion d’amorcer un dialogue interreligieux, notamment après sa rencontre avec le pape Benoît XVI aux Bernardins en 2008, une rencontre qui l’avait beaucoup touché :
Il faut que nous disions dans les mosquées de France que le seul djihad qui compte, c’est le djihad de la fraternité, le djihad de l’intégration, le djihad du vivre ensemble.
Comme il est dit dans le Coran, soyons concurrents dans l'accomplissement des bonnes actions.

Il y en a eu bien d’autres, et il faudrait tous les citer…
Dans la conclusion qu’il a faite après les deux tables rondes, Monseigneur Pascal Gollnisch a rappelé l’importance des actions qui sont faites dans tous ces pays pour les personnes ayant un handicap mental ! Je suis allé le remercier et nous nous sommes promis de nous rencontrer bientôt.
Avec le Père Georges Assadourian
En repartant, j’ai salué le Père Georges Assadourian (qui était intervenu dans la deuxième table ronde) qui m’a dit qu’il avait été le voisin de Mirna à Alep ! Nous avons donc évoqué avec émotion nos souvenirs de notre chère Mirna !


Pour terminer, au cas où vous n’auriez pas tout compris ce qui se passe dans les pays du Moyen Orient, je citerai ce qui a été dit par un intervenant libanais :
« Si vous croyez avoir compris ce qui se passe au Liban, c’est parce qu’on vous l’a mal expliqué ».

jeudi 4 septembre 2014

Un 15 août à Kibeho

Notre-Dame de Kibeho
Du 28 novembre 1981 jusqu’au 28 novembre 1989, à Kibeho, un petit village du sud du Rwanda, trois jeunes filles ont eu des apparitions de la Vierge Marie qui s’est présentée à elles comme la Mère du Verbe. L’Église catholique a reconnu officiellement ces apparitions en 2001.
Le message de Marie n’était pas très différent de ce qu’elle avait pu dire à Bernadette à Lourdes ; il n’était pas non plus réservé aux seuls Rwandais, mais au monde entier :
- Convertissez-vous ! Repentez-vous ! Le monde court à sa perte.
- Priez sans relâche pour l'Eglise, car de grandes tribulations l'attendent dans les temps qui viennent. 
Les apparitions de Kibeho comportaient souvent des rites et des symboles. Ainsi, la bénédiction de l'eau et, avec cette eau, la bénédiction de la foule et des objets de piété apportés par les pèlerins. Cette bénédiction était liée au "champ de fleurs" ou d'arbres que les voyants se mettaient à arroser à la demande de la Vierge. Ces "fleurs" ou "arbres" de différentes espèces et qualités symbolisaient les hommes dans l'accueil du message de la Vierge : plus il y avait de conversions, plus le "champ de fleurs" s'élargissait.
Le message de Kibeho était aussi lié à l’annonce des terribles événements de 1994 et des souffrances qui y seraient associés… La Vierge a demandé que l’on prie le chapelet des sept douleurs, prière qu’elle affectionne. Cette prière était tombée en désuétude et maintenant, elle est très souvent dite à Kibeho.
Ces douleurs et souffrances rappellent cette parole de Saint Paul : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église » (Col 1,24).

A la suite de l’assemblée provinciale, une petite délégation s’est rendue à Kibeho pour y vivre les célébrations de la fête de l’Assomption, le 15 août. Nous avons déposé la délégation du Burundi à la frontière et nous sommes arrivés à Kibeho le soir du 14 août. Nous sommes allés suivre la veillée qui avait lieu sur l’esplanade et nous y étions déjà très nombreux ! Ma première impression fut un choc thermique… car il faisait très froid ! La nuit était claire et, à 1800 mètres d’altitude, il peut faire froid, même en Afrique,  et je n’avais pas emporté de pull ! La veillée était très belle et très priante : nous avons prié le chapelet des sept douleurs et de nombreux chants, tous plus beaux les uns que les autres, ont apporté beaucoup de joie et de gaieté. Ecoutez ! Une autre !
La source où l'on vient remplir bouteilles et bidons
Le lendemain, il fallait partir tôt, car la messe était prévue à 11heures et il fallait être sur place bien avant pour ne pas être trop loin. Nous avons commencé par la source à laquelle une grande foule venait remplir des bouteilles et des bidons. C’est là que nous avons eu un temps de prière pour confier Foi et Lumière à Notre-Dame de Kibeho en reprenant la Prière à la Vierge Marie dans l'Exhortation apostolique Evangelii Gaudium :
Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre “oui”
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus.
Toi, remplie de la présence du Christ,
tu as porté la joie à Jean-Baptiste,
le faisant exulter dans le sein de sa mère.
Toi, tressaillant de joie,
tu as chanté les merveilles du Seigneur.
Toi, qui es restée ferme près de la Croix
avec une foi inébranlable
et a reçu la joyeuse consolation de la résurrection,
tu as réuni les disciples dans l’attente de l’Esprit
afin que naisse l’Église évangélisatrice.
Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le don de la beauté qui ne se ternit pas.
Toi, Vierge de l’écoute et de la contemplation,
mère du bel amour, épouse des noces éternelles,
intercède pour l’Église, dont tu es l’icône très pure,
afin qu’elle ne s’enferme jamais et jamais se s’arrête
dans sa passion pour instaurer le Royaume.
Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !

Devant le sanctuaire
Puis nous sommes allés jusqu’à l’église paroissiale, scène d’un terrible carnage en 1994, et jusqu’au calvaire, situé sur une petite colline en face de l’esplanade : un chemin de croix monte jusqu’au sommet où se trouvent une grande croix et au pied de la croix, deux statues représentant Marie et Jean. Là, je me suis rappelé les paroles de Sainte Thérèse :
« Marie, tu m’apparais au sommet du Calvaire
Debout près de la Croix, comme un prêtre à l’autel
Offrant pour apaiser la justice du Père
Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel…
Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur ![…]
La maison de Saint Jean devient ton seul asile
Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus… »

En attendant le début de la messe
Procession des offrandes
L’heure de la messe s’approchant, nous avons rejoint l’esplanade et avons attendu le début de la messe, présidée par Monseigneur Philippe Rukamba, évêque de Butare et administrateur apostolique du diocèse de Gikongoro. Nous étions très bien placés grâce au recteur du sanctuaire, un prêtre polonais, le Père Zbigniew Pawolwski. Il y avait foule (les estimations sont d’environ 35000 personnes) et la messe a duré  un certain temps… trois heures et demi… Il y a eu une très longue procession d’offertoire ; de nombreux paniers, pleins de belles et bonnes choses (haricots, bananes…) étaient apportés et reçus par l’évêque et le recteur du sanctuaire. Le mouvement de communion fut à la mesure du nombre de fidèles. Enfin, il y a eu, comme c’est souvent le cas à Kibeho, une grande procession d’aspersion pour bénir les fidèles, les objets de culte, ainsi que les bouteilles et les bidons qui avaient été remplis à la source le matin. Cette aspersion se fait en souvenir du "champ de fleurs" que les voyants arrosaient à la demande de la Vierge. 
Le Père Martin nous bénit généreusement !
Le Père Martin Mudendeli était là, venu de Butare et il s’est trouvé qu’il était en charge de bénir notre secteur ! Il a pris un grand plaisir à nous bénir copieusement, "à grande eau", à chaque fois qu’il est passé près de nous !

Après la messe, nous sommes allés nous recueillir sur les lieux des premières apparitions en 1981 et avons rencontré Nathalie Mukamazimpaka, une des trois voyantes. J’étais très impressionné et n’ai pu que lui demander de prier pour nous !

Avec Nathalie Mukamazimpaka
Nous sommes ensuite repartis vers Kigali, en rendant grâce à Dieu pour cette magnifique journée !

mercredi 3 septembre 2014

De retour au Rwanda !

Les délégués sont venus du Rwanda, du Burundi, de la RDC et d'Ouganda
 Après un long vol vers Kigali via Amsterdam, me voici de retour au Rwanda ! Mon premier contact dans l’aérogare est avec une femme qui me pointe une espèce de pistolet sur le front ! Après un sursaut, je réalise qu’elle cherche à voir si j’ai de la fièvre… les mesures sanitaires liées au virus Ebola sont prises très au sérieux. Quelques minutes plus tard, me voici avec Yves, Judex et Chemusa en direction du centre Christus où l’assemblée provinciale  va se tenir. Ils sont déjà presque tous arrivés du Burundi, de Goma et de Bukavu pour cette importante rencontre. Malheureusement, il n’y a personne du Kenya… et une religieuse venue d’Ouganda est un bon contact pour rallumer la flamme dans ce beau pays.
L’assemblée va durer trois jours, y compris un temps de formation qui m’avait été demandé sur les éléments de base des communautés Foi et Lumière : leur vie, leurs membres, la responsabilité, les finances… Cela tombe bien car c’est ce qui m’a été demandé en Lituanie en mai et tout est presque prêt ! Je réalise que c’est une demande très fréquente et qu’il faudra beaucoup insister dans les années à venir sur ces éléments fondamentaux de notre mouvement : le plus important est que les communautés soient belles et rayonnantes, qu’elles aient des activités qui leur permettent de s’épanouir ! Tout le reste n’est que service d’accompagnement. Je le répète souvent : « les structures sont au service des communautés et pas l’inverse ! »
Le Père Jean Gasenge
Nous avons la joie d’accueillir le Père Jean Gasenge, celui qui avait accueilli Marie-Hélène et Marie-Vincente à leur arrivée à Kigali en 1982 : elles arrivaient seules du Burundi et n’avaient aucun contact… elles allaient se faire expulser quand la Providence (aidée par la présence d’esprit et le culot de Marie-Hélène !) a mis le père Jean sur leur route ! Il nous raconte ce qui s’est passé à l’époque et j’interviens pour dire que, maintenant que l’histoire de Foi et Lumière a été écrite par Marie-Hélène, les histoires locales doivent aussi rester gravées dans les mémoires ! J'ai aussi la joie de retrouver un autre père jésuite, Martin Mudendeli, que je connais depuis vingt ans ! Il a démarré Foi et Lumière au Kenya, du temps où il était au Hekima College et nous nous sommes revus à de nombreuses reprises ! Dans l’histoire locale de Foi et Lumière au Rwanda, il y a eu aussi l’action de Félicula, décédée en 1989. Le dernier jour, nous irons tous ensemble fleurir sa tombe.
Nous recevons aussi la visite d’une personne, membre du comité national rwandais des personnes handicapées ; ce comité cherche à promouvoir l’inclusion des personnes handicapées dans la société, et à ce titre, coordonne les activités des ministères concernés. Je suis très heureux de l’entendre dire que ce comité est un fruit de Foi et Lumière ! Comme elle nous dit qu’elle nous en est très reconnaissante, je lui demande si une contrepartie possible pourrait être de nous signaler les lieux où il n’y a pas encore de communauté et où cela pourra faire du bien.
Godeberthe, nouvelle coordinatrice de province
Les autres temps de l’assemblée se déroulent sans problème : l’assemblée provinciale définit et confirme les priorités pour la province : entre la volonté de rayonner et de faire grandir le mouvement et celle de consolider ce qui existe, il faudra choisir ce qui est le plus urgent, mais ça sera la mission de la nouvelle équipe provinciale. Je suggère quand même que des bases solides permettraient de mieux rayonner, mais ce ne sont que des suggestions…
L’équipe provinciale est composée de Godeberthe, nouvelle coordinatrice de province et de quatre vice-coordinateurs : Agnès (Burundi), Julienne (RDC), Lin et Jeanne d’Arc (Rwanda). Les cinq sont tous des parents : Bébé, Cosette, Petit Papa, Georges et Didier sont très fiers de leurs parents ! Didier, que j’avais rencontré en 1996, est maintenant aussi grand que moi ! Le Père Guillaume continue d’être l’aumônier provincial, un très bon soutien ! Pendant toute la durée du discernement et des élections, les personnes handicapées ont été prises en charge par Yves qui leur a fait réaliser un très beau panneau, plein de couleurs !
La nouvelle équipe provinciale













Le programme prévoit des contacts avec l’archevêque de Kigali (mais l’archevêché étant tout proche du palais présidentiel… seuls cinq personnes peuvent passer le contrôle de police, alors que nous sommes venus à plus de trente !), et avec Monseigneur Smaragde Mbonyintege, évêque de Kabgayi et président de la conférence des évêques du Rwanda. Il nous reçoit tous ! et il est été extrêmement chaleureux et plein d’humour. Il nous dit qu’il connait bien Foi et Lumière, qu’il a rencontré Jean Vanier… mais qu’il ne voit pas souvent les communautés ! Les deux évêques ont reçu chacun un exemplaire du livre de Marie-Hélène et un carnet de route.
Monseigneur Smaragde Mbonyintege
En repartant, je me dis que ce fut une très belle rencontre, j’ai été très heureux de revenir dans ce pays où je suis déjà venu trois fois et où j’ai beaucoup d’amis. Nous avons été heureux de nous retrouver et le jour de mon départ, ils étaient neuf avec moi à l’aéroport et ils n’avaient qu’une question : « quand vas-tu revenir ? » Oui, je reviendrai !

L'album souvenir
Les photos

samedi 9 août 2014

Quelques découvertes à Manille !

Mon séjour à Manille, outre l’assemblée provinciale des Couleurs de l’Asie, fut aussi un temps de découvertes qui sont allées bien plus loin qu’une connaissance superficielle de ce pays que je découvrais. Avec ces quelques petits événements, vous verrez que je n’ai pas été un simple visiteur suivant les recommandations des guides touristiques !

Chez les Dehesa, sur les pas du Père Joseph
J’ai été accueilli le dernier jour par Bella Feliciano, que je n’avais pas revue depuis bien longtemps ; nous avons, comme membres du Conseil International, beaucoup et longtemps “travaillé” ensemble, et nous n’avons pas fait qu’échanger des souvenirs avec nostalgie. Aucun programme n’avait été préparé, et en repartant, Bella m’a demandé : « Aimerais-tu voir les lieux où le Père Joseph Larsen a vécu et où nous avons démarré Foi et Lumière » ? Quelle question ! « Oui, bien sûr » ! Et le séjour chez Bella s’est alors transformé en pèlerinage sur les pas du Père Joseph ! Nous avons pris la direction d’un des quartiers les plus pauvres de Manille et nous nous sommes arrêtés chez les petites sœurs de Jésus qu’il avait longtemps cotoyées, puis chez des amis de la première communauté où nous sommes allés à pied comme ça se faisait à l’époque ! Chez Bella, nous avons feuilleté les albums photo et j’ai pu découvrir un aspect de la vie du Père Joseph que je connaissais mal et j’en ai été très touché et heureux !

The house of the rising sun !
Il y a un lieu que le Père Joseph connaissait bien, et dont j’avais souvent entendu parler par Gwen, une autre ancienne amie du Conseil International : il s’agit de la grande prison de Bilibid. Ce n’est pas une prison perdue au milieu de la nature avec des grands murs, des miradors et des barbelés… c’est une vraie ville qui s’étend sur 600 hectares et où vivent, outre les prisonniers, tous ceux qui participent de près ou de loin à ce véritable écosystème ! Les habitations des gardiens de prison, les commerces, les écoles… sont réparties sur cet immense territoire, et trois grands bâtiments accueillent des prisonniers, un pour les peines les plus sévères (au dessus de vingt ans), un pour les peines moyennes et un pour ceux qui en sont à moins d’un an de leur libération Un simple coup de fil a suffi et Gwen a pu nous emmener dans la deuxième enceinte (peines moyennes) : l’entrée a été très facile, une signature, un coup de tampon sur le bras et une fouille (très sommaire) et nous étions à l’intérieur ! Nous sommes allés dans le bâtiment où les prisonniers peuvent suivre des cours de formation (appelé Université du Perpétuel Secours) : il y a toutes sortes de cours et une salle est réservée à la musique (instruments, chant) dans laquelle trois prisonniers étaient en train de jouer. En revenant un peu plus tard, on nous a fait entrer pour un spectacle improvisé, un chœur de prisonniers était là pour nous ! Ils ont interprété deux chants avec une très belle chorégraphie, puis ils m’ont demandé si je voulais chanter quelque chose et j’ai demandé s’ils connaissaient “the house of the rising sun” ? Ils connaissaient, bien évidemment, et me voilà au micro, accompagné à la guitare et au synthétiseur, en train de chanter cette chanson sur le pénitencier de la Nouvelle Orléans !!! Ce fut une expérience qui m’a beaucoup touché ! Les prisonniers n’avaient pas l’air d’être des gros durs, il y en avait un dont la femme et les trois enfants (le dernier était tout petit) étaient présents et le fils était très fier de montrer à son papa qu’il pouvait suivre la chorégraphie pendant le chant. Nous nous sommes salués très chaleureusement en partant et Gwen, qui travaille dans cette Université bien particulière, m’a dit que les prisonniers étaient un peu comme ses propres enfants ! Des prêtres viennent régulièrement pour célébrer la messe et ils en repartent changés…. Le Père Joseph était très régulièrement présent et je l’imagine bien dans cet univers si particulier…

Le lendemain, Bella m’a emmené visiter un centre d’accueil pour personnes handicapées mentales, une grande institution où les personnes accueillies sont très nombreuses et sont en général abandonnées, ce qui fait que leur date d’anniversaire est le jour de leur arrivée dans ce centre et que leur prénom est le saint du jour… J’y ai senti un grand dévouement, mais aussi une dimension trop grande et, bien sûr, pas ou très peu de présence des parents… 
Les dégâts de Glenda
Quelques jours avant mon arrivée à Manille, un typhon nommé Glenda a traversé la zone métropolitaine de la capitale avec une grande violence (plus de vingt morts et des dégâts matériels très importants, des quartiers sont restés sans électricité pendant plusieurs jours…). J’ai pu voir des arbres déracinés et les stigmates que Glenda avait laissés derrière elle ! Mais j’ai vu aussi la grande solidarité entre les Philippins ! Jean Vanier raconte souvent l’histoire d’une visite au Chili où sur la route de l’aéroport, on lui montrait les quartiers pauvres d’un côté de la route et de l’autre les quartiers riches protégés par l’armée et la police et celui qui lui montrait cela ajoutait : « personne ne traverse la route ! ». Je peux dire qu’à Manille, il y a des gens qui traversent ce genre de routes et que les communautés Foi et Lumière rassemblent bien les uns et les autres !


Enfin, j’ai gagné mes galons de bravoure en mangeant un “balut”, une spécialité locale qui n’est autre qu’un œuf de cane fécondé… Je n’en dirai pas plus, vous pouvez aller voir sur Internet ce que c’est ! Je vais pouvoir m’inscrire à la prochaine édition de Survivor 




Assemblée provinciale à Manille

Une belle province, pleine de couleurs !
 Une cinquantaine de délégués, venus des communautés de la province ”Couleurs d’Asie”, se sont réunis aux Philippines pour leur deuxième assemblée ; cela a duré trois jours, du 26 au 28 juillet. Ils représentaient les communautés des Philippines, de Singapour et de Malaisie ; les communautés du Pakistan n’ayant pas pu venir, ce pays n’était pas représenté.
Devant le fort Santiago
Je suis arrivé deux jours plus tôt pour pouvoir récupérer un peu de ”jet lag” après un voyage de plus de dix-huit heures… Grâce à Valerie et Anne, j’ai pu découvrir la vieille ville de Manille, dite ”intra-muros” : la cathédrale, reconstruite sept fois après diverses catastrophes dont plusieurs tremblements de terre, l’église des Augustiniens, qui furent les premiers à évangéliser l’archipel, et le fort Santiago. J’ai pu ainsi pu découvrir un peu de l’histoire et de la culture du pays avant de rejoindre le lieu de la rencontre dans le quartier de Makati.
Valerie ayant accepté l’invitation que je lui avais faite de devenir vice-coordinatrice internationale, elle n’était pas éligible et la mission de l’assemblée était notamment de la remplacer. Une très bonne équipe de nomination avait bien préparé ce temps d’assemblée et mon rôle de regard extérieur en a été grandement facilité !
J’ai pris du temps pour bien rappeler les structures de Foi et Lumière et j’ai commencé par le plus important, la communauté, en m’appuyant sur la charte (et son préambule) qui ne parle quasiment que de la communauté et de son importance. Tout le reste, les provinces et l’international n’est là que pour être des instruments au service des communautés.
Le travail sur les priorités pour la province avait aussi été bien préparé et l’assemblée, après un temps de réflexion par communauté a voté les priorités pour les quatre prochaines années Je les ai résumées en trois actions : former, annoncer et célébrer :
-         -  la formation sera destinée principalement aux communautés pour leur rappeler les fondamentaux de notre mouvement, leur donner les éléments pour leur permettre de pouvoir rayonner. Les retraites sont aussi importantes et je pense qu'il peut y avoir un bon couplage entre les formations et les retraites.
-        - l’annonce est particulièrement importante pour cette province qui a, selon moi, un potentiel de croissance très élevé : outre le Pakistan qui fait déjà partie de la province, il y a une communauté qui a démarré en Inde, le Bangladesh a repris contact, et les nouvelles fondations de la congrégation du père Isaac en Indonésie et au Viêt Nam peuvent être des points d’appui pour démarrer Foi et Lumière dans ces pays…
-         - les célébrations (qui incluent les pèlerinages) sont aussi des moments importants de la vie des communautés et il faut maintenir cet élan pour que les communautés soient les plus belles possible !

Une personne de l’équipe de nomination a donné la liste finale des personnes pouvant être élues comme coordinateur/vice-coordinateur et chacun a eu le temps de se présenter et de faire le tour des communautés de la province pour répondre à leurs questions. Puis ce fut le tour du vote : il y avait une seule personne pour devenir coordinatrice et Maggie (des Philippines) fut élue pour servir la province et ses communautés dans les quatre années à venir.
Maggie nouvelle coordinatrice de province
 Il y avait quatre personnes qui avaient été retenues pour être vice-coordinateurs : trois des Philippines et une de Malaisie, mais personne de Singapour. Pour mettre en pratique un texte de la messe du jour (« je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi » 1Rois 3, 12), l’assemblée, avec sagesse, a élu les quatre personnes : Adeline, Anne, Cloyd et Paquit) et a chargé la nouvelle équipe de demander au comité de nomination (nouveau lui aussi) de se remettre au travail pour proposer une personne de Singapour ; l’équipe provinciale déterminera comment et par quel vice-coordinateur chaque communauté de la province sera accompagnée.
Adeline, Paquit, Maggie, Anne et Cloyd
L’assemblée provinciale s’est terminée par une messe célébrée par le Cardinal Gaudencio Rosales, archevêque émérite de Manille, un grand ami de Foi et Lumière. J’ai noté que dans son homélie, il a dit : « nous, à Foi et Lumière… », se rendant ainsi tout proche de nous ! Il invite chaque année les communautés des Philippines à se retrouver chez lui !

Puis chaque délégation est repartie, le cœur plein de promesses après une célébration d’envoi très colorée et joyeuse ! Merci à tous pour votre accueil et je suis sûr que votre province va grandir et devenir encore plus belle pendant les quatre prochaines années !