jeudi 4 septembre 2014

Un 15 août à Kibeho

Notre-Dame de Kibeho
Du 28 novembre 1981 jusqu’au 28 novembre 1989, à Kibeho, un petit village du sud du Rwanda, trois jeunes filles ont eu des apparitions de la Vierge Marie qui s’est présentée à elles comme la Mère du Verbe. L’Église catholique a reconnu officiellement ces apparitions en 2001.
Le message de Marie n’était pas très différent de ce qu’elle avait pu dire à Bernadette à Lourdes ; il n’était pas non plus réservé aux seuls Rwandais, mais au monde entier :
- Convertissez-vous ! Repentez-vous ! Le monde court à sa perte.
- Priez sans relâche pour l'Eglise, car de grandes tribulations l'attendent dans les temps qui viennent. 
Les apparitions de Kibeho comportaient souvent des rites et des symboles. Ainsi, la bénédiction de l'eau et, avec cette eau, la bénédiction de la foule et des objets de piété apportés par les pèlerins. Cette bénédiction était liée au "champ de fleurs" ou d'arbres que les voyants se mettaient à arroser à la demande de la Vierge. Ces "fleurs" ou "arbres" de différentes espèces et qualités symbolisaient les hommes dans l'accueil du message de la Vierge : plus il y avait de conversions, plus le "champ de fleurs" s'élargissait.
Le message de Kibeho était aussi lié à l’annonce des terribles événements de 1994 et des souffrances qui y seraient associés… La Vierge a demandé que l’on prie le chapelet des sept douleurs, prière qu’elle affectionne. Cette prière était tombée en désuétude et maintenant, elle est très souvent dite à Kibeho.
Ces douleurs et souffrances rappellent cette parole de Saint Paul : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église » (Col 1,24).

A la suite de l’assemblée provinciale, une petite délégation s’est rendue à Kibeho pour y vivre les célébrations de la fête de l’Assomption, le 15 août. Nous avons déposé la délégation du Burundi à la frontière et nous sommes arrivés à Kibeho le soir du 14 août. Nous sommes allés suivre la veillée qui avait lieu sur l’esplanade et nous y étions déjà très nombreux ! Ma première impression fut un choc thermique… car il faisait très froid ! La nuit était claire et, à 1800 mètres d’altitude, il peut faire froid, même en Afrique,  et je n’avais pas emporté de pull ! La veillée était très belle et très priante : nous avons prié le chapelet des sept douleurs et de nombreux chants, tous plus beaux les uns que les autres, ont apporté beaucoup de joie et de gaieté. Ecoutez ! Une autre !
La source où l'on vient remplir bouteilles et bidons
Le lendemain, il fallait partir tôt, car la messe était prévue à 11heures et il fallait être sur place bien avant pour ne pas être trop loin. Nous avons commencé par la source à laquelle une grande foule venait remplir des bouteilles et des bidons. C’est là que nous avons eu un temps de prière pour confier Foi et Lumière à Notre-Dame de Kibeho en reprenant la Prière à la Vierge Marie dans l'Exhortation apostolique Evangelii Gaudium :
Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre “oui”
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus.
Toi, remplie de la présence du Christ,
tu as porté la joie à Jean-Baptiste,
le faisant exulter dans le sein de sa mère.
Toi, tressaillant de joie,
tu as chanté les merveilles du Seigneur.
Toi, qui es restée ferme près de la Croix
avec une foi inébranlable
et a reçu la joyeuse consolation de la résurrection,
tu as réuni les disciples dans l’attente de l’Esprit
afin que naisse l’Église évangélisatrice.
Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le don de la beauté qui ne se ternit pas.
Toi, Vierge de l’écoute et de la contemplation,
mère du bel amour, épouse des noces éternelles,
intercède pour l’Église, dont tu es l’icône très pure,
afin qu’elle ne s’enferme jamais et jamais se s’arrête
dans sa passion pour instaurer le Royaume.
Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !

Devant le sanctuaire
Puis nous sommes allés jusqu’à l’église paroissiale, scène d’un terrible carnage en 1994, et jusqu’au calvaire, situé sur une petite colline en face de l’esplanade : un chemin de croix monte jusqu’au sommet où se trouvent une grande croix et au pied de la croix, deux statues représentant Marie et Jean. Là, je me suis rappelé les paroles de Sainte Thérèse :
« Marie, tu m’apparais au sommet du Calvaire
Debout près de la Croix, comme un prêtre à l’autel
Offrant pour apaiser la justice du Père
Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel…
Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur ![…]
La maison de Saint Jean devient ton seul asile
Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus… »

En attendant le début de la messe
Procession des offrandes
L’heure de la messe s’approchant, nous avons rejoint l’esplanade et avons attendu le début de la messe, présidée par Monseigneur Philippe Rukamba, évêque de Butare et administrateur apostolique du diocèse de Gikongoro. Nous étions très bien placés grâce au recteur du sanctuaire, un prêtre polonais, le Père Zbigniew Pawolwski. Il y avait foule (les estimations sont d’environ 35000 personnes) et la messe a duré  un certain temps… trois heures et demi… Il y a eu une très longue procession d’offertoire ; de nombreux paniers, pleins de belles et bonnes choses (haricots, bananes…) étaient apportés et reçus par l’évêque et le recteur du sanctuaire. Le mouvement de communion fut à la mesure du nombre de fidèles. Enfin, il y a eu, comme c’est souvent le cas à Kibeho, une grande procession d’aspersion pour bénir les fidèles, les objets de culte, ainsi que les bouteilles et les bidons qui avaient été remplis à la source le matin. Cette aspersion se fait en souvenir du "champ de fleurs" que les voyants arrosaient à la demande de la Vierge. 
Le Père Martin nous bénit généreusement !
Le Père Martin Mudendeli était là, venu de Butare et il s’est trouvé qu’il était en charge de bénir notre secteur ! Il a pris un grand plaisir à nous bénir copieusement, "à grande eau", à chaque fois qu’il est passé près de nous !

Après la messe, nous sommes allés nous recueillir sur les lieux des premières apparitions en 1981 et avons rencontré Nathalie Mukamazimpaka, une des trois voyantes. J’étais très impressionné et n’ai pu que lui demander de prier pour nous !

Avec Nathalie Mukamazimpaka
Nous sommes ensuite repartis vers Kigali, en rendant grâce à Dieu pour cette magnifique journée !

mercredi 3 septembre 2014

De retour au Rwanda !

Les délégués sont venus du Rwanda, du Burundi, de la RDC et d'Ouganda
 Après un long vol vers Kigali via Amsterdam, me voici de retour au Rwanda ! Mon premier contact dans l’aérogare est avec une femme qui me pointe une espèce de pistolet sur le front ! Après un sursaut, je réalise qu’elle cherche à voir si j’ai de la fièvre… les mesures sanitaires liées au virus Ebola sont prises très au sérieux. Quelques minutes plus tard, me voici avec Yves, Judex et Chemusa en direction du centre Christus où l’assemblée provinciale  va se tenir. Ils sont déjà presque tous arrivés du Burundi, de Goma et de Bukavu pour cette importante rencontre. Malheureusement, il n’y a personne du Kenya… et une religieuse venue d’Ouganda est un bon contact pour rallumer la flamme dans ce beau pays.
L’assemblée va durer trois jours, y compris un temps de formation qui m’avait été demandé sur les éléments de base des communautés Foi et Lumière : leur vie, leurs membres, la responsabilité, les finances… Cela tombe bien car c’est ce qui m’a été demandé en Lituanie en mai et tout est presque prêt ! Je réalise que c’est une demande très fréquente et qu’il faudra beaucoup insister dans les années à venir sur ces éléments fondamentaux de notre mouvement : le plus important est que les communautés soient belles et rayonnantes, qu’elles aient des activités qui leur permettent de s’épanouir ! Tout le reste n’est que service d’accompagnement. Je le répète souvent : « les structures sont au service des communautés et pas l’inverse ! »
Le Père Jean Gasenge
Nous avons la joie d’accueillir le Père Jean Gasenge, celui qui avait accueilli Marie-Hélène et Marie-Vincente à leur arrivée à Kigali en 1982 : elles arrivaient seules du Burundi et n’avaient aucun contact… elles allaient se faire expulser quand la Providence (aidée par la présence d’esprit et le culot de Marie-Hélène !) a mis le père Jean sur leur route ! Il nous raconte ce qui s’est passé à l’époque et j’interviens pour dire que, maintenant que l’histoire de Foi et Lumière a été écrite par Marie-Hélène, les histoires locales doivent aussi rester gravées dans les mémoires ! J'ai aussi la joie de retrouver un autre père jésuite, Martin Mudendeli, que je connais depuis vingt ans ! Il a démarré Foi et Lumière au Kenya, du temps où il était au Hekima College et nous nous sommes revus à de nombreuses reprises ! Dans l’histoire locale de Foi et Lumière au Rwanda, il y a eu aussi l’action de Félicula, décédée en 1989. Le dernier jour, nous irons tous ensemble fleurir sa tombe.
Nous recevons aussi la visite d’une personne, membre du comité national rwandais des personnes handicapées ; ce comité cherche à promouvoir l’inclusion des personnes handicapées dans la société, et à ce titre, coordonne les activités des ministères concernés. Je suis très heureux de l’entendre dire que ce comité est un fruit de Foi et Lumière ! Comme elle nous dit qu’elle nous en est très reconnaissante, je lui demande si une contrepartie possible pourrait être de nous signaler les lieux où il n’y a pas encore de communauté et où cela pourra faire du bien.
Godeberthe, nouvelle coordinatrice de province
Les autres temps de l’assemblée se déroulent sans problème : l’assemblée provinciale définit et confirme les priorités pour la province : entre la volonté de rayonner et de faire grandir le mouvement et celle de consolider ce qui existe, il faudra choisir ce qui est le plus urgent, mais ça sera la mission de la nouvelle équipe provinciale. Je suggère quand même que des bases solides permettraient de mieux rayonner, mais ce ne sont que des suggestions…
L’équipe provinciale est composée de Godeberthe, nouvelle coordinatrice de province et de quatre vice-coordinateurs : Agnès (Burundi), Julienne (RDC), Lin et Jeanne d’Arc (Rwanda). Les cinq sont tous des parents : Bébé, Cosette, Petit Papa, Georges et Didier sont très fiers de leurs parents ! Didier, que j’avais rencontré en 1996, est maintenant aussi grand que moi ! Le Père Guillaume continue d’être l’aumônier provincial, un très bon soutien ! Pendant toute la durée du discernement et des élections, les personnes handicapées ont été prises en charge par Yves qui leur a fait réaliser un très beau panneau, plein de couleurs !
La nouvelle équipe provinciale













Le programme prévoit des contacts avec l’archevêque de Kigali (mais l’archevêché étant tout proche du palais présidentiel… seuls cinq personnes peuvent passer le contrôle de police, alors que nous sommes venus à plus de trente !), et avec Monseigneur Smaragde Mbonyintege, évêque de Kabgayi et président de la conférence des évêques du Rwanda. Il nous reçoit tous ! et il est été extrêmement chaleureux et plein d’humour. Il nous dit qu’il connait bien Foi et Lumière, qu’il a rencontré Jean Vanier… mais qu’il ne voit pas souvent les communautés ! Les deux évêques ont reçu chacun un exemplaire du livre de Marie-Hélène et un carnet de route.
Monseigneur Smaragde Mbonyintege
En repartant, je me dis que ce fut une très belle rencontre, j’ai été très heureux de revenir dans ce pays où je suis déjà venu trois fois et où j’ai beaucoup d’amis. Nous avons été heureux de nous retrouver et le jour de mon départ, ils étaient neuf avec moi à l’aéroport et ils n’avaient qu’une question : « quand vas-tu revenir ? » Oui, je reviendrai !

L'album souvenir
Les photos