jeudi 25 février 2016

Le redémarrage de Foi et Lumière en Zambie

L'aéroport international de Ndola
Après le froid de l’Ukraine, voici la chaleur de la Zambie ! A peine revenu de la réunion de préparation du carnet de route, je suis reparti vers l’hémisphère sud et ce continent africain où je me sens toujours si bien ! Après un voyage assez long via Amsterdam, Nairobi et Lubumbashi, je suis arrivé à l’aéroport international de Ndola en Zambie. De là, accueilli par le père Jésuite en charge d’un centre de retraite tout neuf à Kitwe. Là nous avons passé trois jours de formation destiné à un groupe de personnes ayant connu Foi et Lumière et d’autres désireuses de mieux connaître notre mouvement pour démarrer des communautés. Tout cela a été organisé par une petite équipe dont la cheville ouvrière a été le Père David Harold Barry sj : il a été à l’origine du démarrage de Foi et Lumière au Zimbabwe, et maintenant, résidant à Lusaka, il est parti à la recherche des quelques braises encore fumantes des communautés de ce pays. Avec lui, Kathryn Morgan, coordinatrice de la province, était venu de Johannesburg et Time Baluwa de Harare. Tous les quatre, nous avons soufflé (avec l’aide du Saint Esprit) sur ces braises, et Foi et Lumière va sans doute redémarrer là où il y avait des communautés et sans doute au-delà jusqu’à Kolwezi, en République Démocratique du Congo ! Patrick Mulenga a été désigné comme point de contact : il coordonnera les promesses de redémarrage de communautés anciennes et de démarrage de nouvelles communautés.
Voici le compte rendu qu’a rédigé le Père David à son retour à Lusaka.

Le groupe rassemblé à Kitwe
Nous étions dix-huit, rassemblés au nouveau Centre de Retraite Jésuite de Kitwe – nous étions le premier groupe résident– du 21 au 24 janvier pour un temps de suivi des progrès de Foi et Lumière.
Pour ceux qui ne connaissent pas Foi et Lumière, nous sommes un mouvement œcuménique pour les personnes ayant un handicap mental et leurs familles. Notre objectif est de rejoindre des personnes souvent mises à l’écart – même parfois enfermées dans une chambre per leurs parents – et les aider ainsi que leurs familles à découvrir qu’elles sont comme nous tous, avec le besoin d’être aimées, d’aimer et d’être acceptées. Et qu’elles sont des personnes qui ont souvent des dons cachés en attente d’être révélés comme “un remède pour les nations” (Ap 22:2).
Le mouvement a démarré à Lourdes en 1971 par un pèlerinage organisé par Jean Vanier et Marie-Hélène Mathieu ; ils étaient 12000, personnes ayant un handicap, leurs familles et des amis. C’était la réponse au refus des organisateurs d’un pèlerinage diocésain d’accueillir une famille avec deux enfants handicapés parce qu’ils “vont faire trop de bruit et perturber les autres pèlerins.”
Notre réunion a rassemblé quatre personnes de la paroisse de Mandebvu de Lusaka, trois de la paroisse Saint Mary de Kabwe, cinq de Ndola, un de Chipata et une de Chinsali. Nous avons examiné la situation en Zambie depuis le démarrage dans les années 1980, la visite de Jean Vanier en 1996 et les développements qui ont suivi. Nous avons reconnu que le feu s’était réduit à des braises. Foi et Lumière a dépéri. Les parents ne comprennent pas et les coordinateurs qui avaient été choisis trop rapidement ont arrêté de communiquer.
Pendant ces trois jours, nous avons constitué une communauté, partageant nos expériences, apprenant à mieux connaître le mouvement, nous avons chanté et dansé. Nous avons pu réaliser que Foi et Lumière est un mouvement communautaire dont le but est de construire des relations et c’est ce qui se vit dans chacune de nos réunions mensuelles : nous y vivons ensemble un programme d’activités, partageons un petit repas, et prions ensemble. Nous essayons de créer une atmosphère où les personnes ayant un handicap se sentent libres, sortent de leur isolement et peuvent se réjouir.  
Tel l'oiseau tisserin, Foi et Lumière refait son nid en Zambie
Nous avons passé du temps sur le leadership, la préparation des réunions, l’engagement à construire une “communauté de rencontre”. Nous avons prié, seuls et en groupe pour découvrir en nous ce à quoi le Seigneur nous appelle pour cette reconstruction de Foi et Lumière. Et nous avons tous célébré notre oui”. Le moment est maintenant venu d’informer les prêtres de nos paroisses respectives et nos évêques de ce que nous voulons faire et leur demander leur bénédiction.


L'équipe de préparation avec Patrick Mulenga
Time Baluwa a également écrit ses réactions à son retour dans son pays sur son blog




mardi 2 février 2016

Kirt et Hilda Bromley, infatigables missionnaires au Ghana

Kirt Bromley est un nouveau vice-coordinateur international qui accompagne les quatre provinces du Canada et des États Unis, en remplacement de Fred Seagren. Kirt est marié avec Hilda, qui est originaire du Ghana. Tous les ans, ils passent quelques semaines dans ce pays où ils ont fondé de nombreuses bibliothèques rurales. Kirt est un homme extraordinaire (sa femme aussi certainement !) et il envoie régulièrement des nouvelles de leur séjour au pays. Cette année, il a une nouvelle mission, démarrer (ou plutôt redémarrer) Foi et Lumière dans ce beau pays ! Merci Kirt !

Le livre écrit par Kirt et Hilda

Comme j'avais promis à beaucoup d'entre vous de donner des nouvelles par e-mail, je vais me lancer. Notre voyage, à Hilda et moi, n’est pas seulement un voyage dans des paysages rudes, mais il est aussi, comme le vôtre, un voyage spirituel, et il me faut aussi vous partager une partie de cet autre paysage.

Les faits : nous sommes arrivés le 22 janvier, et comme d'habitude, à peine arrivés, nous avons dû courir. Hier, nous avons célébré le premier anniversaire de l'enterrement de Sam, le frère aîné de Hilda, qui était un grand soutien de notre "Books For Africa Library Project" : en effet, il a été le responsable de la construction de l'entrepôt pour nos livres. Nous avons utilisé une partie de l'héritage de ma mère pour construire quelques bâtiments, mais la patience et l'honnêteté de Sam nous ont permis d’épargner beaucoup d'argent...
Vous savez combien Hilda aime cuisiner ; vendredi, elle et dix cuisiniers ont préparé un repas pour une centaine de personnes dans le cadre de l’anniversaire de l'enterrement de Sam. Le lendemain, notre petit groupe familial, près de 30 personnes, a pu déjeuner en sortant de l'église.

Ce fut notre priorité pendant ces dix jours qui ont suivi notre arrivée, mais nous n’avons pas fait que ça : nous sommes allés à la capitale et avons commandé pour 2200 $ USD de livres à partager entre les bibliothèques que nous prévoyons de visiter cette année. À partir du 10 février, nous allons voyager jusqu’à l'extrême nord du Ghana, les régions Upper East et Upper West, où il y a 8 bibliothèques que nous avons mises en place. Cela fait des années que nous les avons démarrées, et nous avons entendu dire que certaines d'entre elles ne payaient pas leurs bibliothécaires. Notre plan est d’aller les voir avec leur conseil d'administration (et en établir de nouveaux si besoin), puis de les aider à revitaliser leur mission. Nous espérons que notre don de livres sera une bonne aide. Nous avons aussi une autre bibliothèque à mettre en place dans cette même région. Ce sera probablement la dernière pour nous.
Nous serons sur la route et vivrons dans les hôtels du 10 février au 17 mars. Gardez-nous dans la prière.

Nous avons commencé à distribuer des lunettes à Kukurantumi. J’avais remarqué qu'un homme, que je rencontrais à l'église le samedi, portait une paire de lunettes à laquelle il manquait la branche gauche ; il avait fixé une bande de caoutchouc qui allait de la monture sur le côté gauche jusqu’à l’extrémité de la branche droite en passant par l’arrière de la tête. Il en avait bien besoin, merci ! Aujourd'hui après la messe du matin, nous l’avons invité chez nous pour voir la collection de quelques centaines de verres que nous avons apportés dans notre valise.

J’ai eu la visite d'un jeune homme ayant une déficience intellectuelle à notre dîner de famille. L'année dernière, il traînait toujours autour de chez nous quand nous recevions plusieurs hommes en cure de désintoxication alcoolique. C’était bon de le revoir, et tout de suite, j’ai pensé à Foi et Lumière. L'année dernière, nous étions tellement occupés avec le programme de traitement à la maison, que je n’avais pas eu le temps pour Foi et Lumière, mais cette année je le ferai. J’ai parlé à cet homme de la merveilleuse communion de Foi et Lumière, et il reviendra aujourd’hui pour en entendre davantage.

La Miséricorde : Cela fait partie de ma vie spirituelle depuis plusieurs mois. Je suis profondément touché par l'appel du pape François à vivre une année centrée sur la miséricorde. Il y a tellement de choses à apprendre ! Hier, je suis allé à l'Église méthodiste de Kukurantumi, où Sam, le frère de Hilda, allait prier quand il était en ville. Ils ont eu une mention spéciale pour lui dans leur service. J'étais assis là avec une humeur plutôt négative. Lorsque le service a débuté à 09h00, avec Hilda et quelques parents, nous étions parmi les rares fidèles à rejoindre la douzaine de personnes qui étaient déjà présentes. "Quel genre d'église est-ce ?" ai-je demandé. Je n’aimais pas ça. Peu à peu, les gens sont arrivés. Après environ 15 minutes, le célébrant s’est arrêté et il a harangué les fidèles à cause de leur retard. Il y a eu beaucoup de chants et des prédications, mais je me trouvais dans une humeur négative. Miséricorde. Je ne veux pas être amer au sujet de ma foi.
La grâce de Dieu est arrivée de façon inattendue. Vers la fin du service, l'un des célébrants a demandé si quelqu'un de notre famille pourrait venir parler de Sam. Nana Asare est le fils aîné de Sam, alors il est venu et a dit quelques mots. Je me suis senti poussé par le Saint-Esprit à en dire plus. Comme Nana était en train de se rasseoir, j’ai bondi de mon banc et je me suis avancé. J’ai donné un court aperçu sur Sam ... sa fidélité dans l'étude de l'Écriture chaque jour (en effet, il fut le témoin qui m’a incité à commencer mon étude quotidienne de la Bible en 1976). J’ai aussi parlé de sa bonté, de sa générosité et de son esprit de pardon. J’ai précisé que la vie de Sam n’était pas que dans la parole, mais qu’elle se reflétait aussi dans ses actes. Eh bien, j’ai réalisé que j'avais fait un point qui était proche de la harangue que le prédicateur avait faite plus tôt, mais à la fin, j’étais très affecté. Qui suis-je pour juger ? Nous avons tous besoin de miséricorde. J’ai quitté l'église plus humble, et je n’étais plus troublé par ce nuage noir de jugement. Dieu est celui qui va changer la situation, pas moi. (Faire confiance à Dieu d'être Dieu est un grand défi !)

Je vois que j’ai couvert beaucoup de sujets...
Que le Seigneur bénisse votre voyage également.
Avec vous dans la grâce et la miséricorde du Christ,

Kirt et Hilda